II DÉFINITION DE CULTURE

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     2.1. Qu’est-ce que la culture?

 

     Il n’est pas facile de définir ce que signifie le mot «culture». Carton (1998) souligne que la culture, c’est ce que les gens ont à l’intérieur d’eux-mêmes. La définition qui paraît être adoptée par la plupart des auteurs est celle de Geertz, cité par Kramsch (1984) et par Byram (1992). Celui-ci dit que la culture est

«un réseau transmis historiquement - de significations incarnées dans des symboles, un sytème d’idées héritées et exprimées sous forme symbolique, au moyen desquelles les hommes communiquent, perpétuent et étendent leur savoir concernant les attitudes envers la vie.».

La culture est donc un véhicule de significations qui est enseigné à travers la langue. Kramsch (1984) affirme même que la culture est en fait une grammaire de comportements d’un peuple et aussi une grammaire de la pensée scientifique et philosophique qui est exprimée par la créativité artistique des hommes.

     D’autres auteurs font une analyse plus approfondie de la culture. Williams par exemple, cité par Byram (1992), distingue trois aspects de la culture. Il dit que la culture peut être l’idéal de certaines valeurs universelles, l’expérience et la pensée humaine, et la représentation de certaines valeurs et significations dans la société.Goodenough, cité de nouveau par Byram (1992), affirme de son côté que la culture est un forme de comportements d’une communauté qui est acceptée aux yeux des individus qui en font partie. Ce phénomène est humain, il naît dans les esprits des hommes, à travers leurs modèles de perception de la vie. Enfin, Taylor, toujours cité par Byram (1992), précise que la culture n’existe pas seulement dans l’esprit des hommes mais qu’elle est présente surtout dans les pratiques (manières de s’habiller, de dessiner, d’écrire, de parler, goûts, etc.).

 

     2.2. Notion de civilisation et d’interculturel

 

     Au XVIIIème et XIXème siècle, le terme «civilisation» était très à la mode. De Carlo (1998), qui a fait une étude historique sur l’origine de ce mot, remarque que lorsque qu’il apparaît pour la première fois dans le dictionnaire universel en 1771, il signifiait sociabilité. Malheureusement, très rapidement le terme «civilisation» est utilisé pour distinguer les peuples dits évolués et les autres. Au milieu du XIXème siècle même, les lettrés disaient qu’il n’y avait aucune raison d’apprendre les autres langues, mais par contre les autres peuples se devaient d’apprendre le français. On considérait le français comme une langue noble, la plus adéquate à faire parler l’esprit. C’est à cette époque que naît l’Alliance Française, qui avait pour vocation de diffuser sur toute la planète la langue française et d’effacer le plus possible les langues nationales et régionales.

De Carlo (1998) remarque encore qu’au début du XXème siècle est employé en Allemagne le mot «Kultur» (mot bourgeois), au lieu de «Zivilisation» (mot aristocrate). Ce nouveau terme commença à se superposer au mot «Zivilisation» car il n’avait pas de connotation raciste. «Kultur» désignait même les qualités de coeur de l’Homme, ou de tout peuple. C’est pourquoi aujourd’hui il est préférable parler de «culture» que de «civilisation».

Récemment, un autre terme a commencé a apparaître, c’est le terme «interculturel». De Carlo (1998) le définit comme une découverte de sa propre culture (culture maternelle) et une compréhension des mécanismes d’appartenance à toute autre culture. Carton (1998) ajoute même que l’interculturel doit permettre à l’apprenant à se distancier par rapport à sa culture maternelle, c’est à dire à être objectif dans l’observation des principes implicites qui caractérisent la culture étrangère.Kramsch (1984) va encore plus loin en affirmant que l’interculturel, c’est en fait une éducation à la citoyenneté, qui se concrétise à travers une recherche de la solidarité et un oubli des barrières culturelles.

 

2.3. Culture étrangère et contexte maternel

 

Dans la même ligne que De Carlo et Carton, Zarate (1986) dit que l’apprentissage d’une culture étrangère passe par un apprentissage culturel dans le contexte maternel. Zarate veut dire par là que les apprentissages familiaux sont décisifs dans la structuration du monde aux yeux de l’enfant. La culture maternelle, bien qu’elle n’apparaît pas explicitement, influence considérablement la vision du monde qu’a l’enfant, et la manière comme il l’affronte. Ainsi, lors de l’apprentissage de la culture étrangère, l’apprenant réagira en fonction du contexte maternel qu’il aura reçu.

Zarate (1986) montre là qu’un individu n’apprend pas une langue étrangère sans savoir culturel. Cette expérience n’est donc pas la première puisqu’il l’a déjà vécue étant enfant. Maintenant, il y a quand même un problème qui se pose. En effet, on peut se demander si l’individu réagira positivement lors de l’apprentissage d’une langue étrangère. Il est clair qu’il sera confronté à de nouvelles données et il est très possible qu’il n’arrive pas à être objectif et réaliste. C’est donc là que le professeur doit faire attention, c’est à dire éviter de caractériser de façon subjective la société française à travers des phrases toutes faites.

Pour Byram (1992), la résolution de ce problème passe par montrer que les étrangers ont eux aussi une vision propre de leur culture et de la nôtre. A partir de là, on peut analyser leurs points de vue et voir lesquels sont différents des nôtres et lesquels sont les mêmes. Il faudra donc faire attention à ce que les points de vue des étrangers soient le plus représentatifs de leur culture.

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