LITTÉRATURE FRANÇAISE

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« LA PLACE » d’Annie Ernaux, analyse de l'oeuvre par Jony Pereira

 

SOMMAIRE

 

INTRODUCTION

I STRUCTURE DE L’OEUVRE

            1.1. Plan

            1.2. Synthèse

II EVOLUTION DE LA SOCIETE FRANCAISE

            2.1. Du temps du grand-père d’Annie

            2.2. Du temps de son père

            2.3. De son temps

            2.4. Du temps de ses enfants

III LA VOLONTE DE REUSSITE SOCIALE DU PERE D’ANNIE

            3.1. Avant le mariage

            3.2. Le premier fonds de commerce

            3.3. Le deuxième fonds de commerce

            3.4. Eloignement forcé du commerce

IV RAPPORTS PERE/FILLE

            4.1. Encouragement du père

            4.2. Annie: abandon du monde simple

            4.3. Fin des rapports

CONCLUSION

 

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INTRODUCTION

            L’oeuvre « La Place » est un petit roman, assez facile à lire, même s’il exige un niveau de français moyen requis. Il sera intéressant d’exploiter sa structure, ainsi que certains thèmes très présents, comme l’évolution de la société française, la volonté de « réussir » des personnages et les rapports qu’ils entretiennent entre eux, notamment les rapports père/fille.

 

I STRUCTURE DE L’OEUVRE

 

            Après avoir lu une oeuvre, la première activité qu’il est nécessaire de développer est le résumé. L’objectif étant de travailler l’esprit de synthèse et d’organisation du jeune élève.

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            1.1. Plan de l’oeuvre

 

INTRODUCTION: NECESSITE D’ECRIRE (p. 11-24 dans l’édition Folio 1997)

de la page 11 « J’ai passé les épreuves pratiques (...) »

à la page 24 « (...) pour leur dire les nouvelles essentielles ».

 

AVANT ANNIE (p. 24-46)

de la page 24 « L’histoire commence quelques mois (...) »

à la page 46 « (...) prenait jamais un mot pour un autre »

 

L’ENFANCE D’ANNIE (p. 46-78)

de la page 46 « La petite fille est rentrée de classe (...) »

à la page 78 « C’est un livre obscène .»

 

FIN DES RAPPORTS PERE/FILLE (p. 78-103)

de la page 78 « Une photo de moi, prise seule (...) »

à la page 103 « (...) réparer à la maison, indifférence aux choses .»

 

CONCLUSION: MORT DU PERE ET SOUVENIRS (p. 103-114)

de la page 103 « Maintenant, c’est un autre temps. »

à la page 114 « (...) tapait sans regarder de la main droite. »

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            1.2. Synthèse de l’oeuvre

 

            Le roman est une biographie. Annie Ernaux, auteur, raconte l’histoire de son père, de sa naissance à sa mort. Professeur titulaire de philosophie, elle sent la volonté d’écrire à son sujet, après son décès, qui l’a beaucoup perturbée.

            On ne sait pas en quelle année le père d’Annie naît, mais ce qui est certain, c’est qu’il naît en milieu rural et que sa famille doit travailler dur pour avoir à manger. C’est pourquoi il sort rapidement de l’école et se met aux taches de la ferme. Après son service militaire, il est ouvrier dans une usine. Il rencontre sa future épouse et, pour elle, décide de rechercher la réussite professionnelle et sociale. Marié, il achète un fonds de commerce à crédit, mais la crise (1930) fait des ravages, il est obligé de retrouver le travail d’ouvrier, tandis que son épouse s’occupe du fonds. La guerre mondiale arrive, et c’est pendant la période de reconstruction qu’Annie naît.

            Après la guerre, le couple Ernaux achète un nouveau fonds de commerce (épicerie et café). Pendant un temps, il vit heureux, la clientèle étant nombreuse et la concurrence inexistante. Annie va à l’école, sous l’encouragement de son père qui tient à ce qu’elle apprenne et soit bien éduquée. La vie familiale est donc paisible, pendant la semaine le travail, et le dimanche, le repos.

            Mais petit à petit, Annie grandit et a une nouvelle vision de la vie. Dans un sens, elle traverse une crise d’adolescence. Elle a tendance à regarder ses parents de haut, à s’éloigner d’eux, de leur monde. Son père vieillit, et se sent de plus en plus isolé et ignoré, par sa fille, mais aussi et surtout par la société alentour qui progresse. Le café/épicerie devient à peine rentable. Annie adulte, elle rencontre de nouveaux amis, puis se fiance. Et le mariage a lieu. Après ce moment de bonheur, le nouveau couple s’en va loin, dans une autre région française. Heureusement, le père d’Annie retrouve un peu la joie de vivre, car il a un petit fils qu’Annie présente pendant une fin de semaine.

            Ce moment de bonheur dure très peu de temps. Sa santé se dégrade rapidement, puis il meurt sans souffrances. Annie attristée, se remémore de quelques situations passées, qui l’ont liées, son père et elle.

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II EVOLUTION DE LA SOCIETE FRANCAISE

 

            Le thème de la société française et de son évolution est un thème qu’il faut développer.

 

            2.1. Du temps du grand-père d’Annie (avant 1905)

 

            A cette époque, la société est très rurale. Il y a de nombreux paysans, qui vivent dans des villages, dans des fermes, et qui travaillent dans les champs. Les femmes s’occupent principalement du tissage. Les enfants, dès 8 ans, participent à la vie active.

            Même si la vie est dure, il y a quand même des moments de loisir et de détente: dominos, tavernes et aussi et surtout les fêtes religieuses (« Des mois à l’avance ils pensaient aux noces et aux communions, ils y arrivaient le ventre creux de trois jours pour mieux profiter .» p. 27).

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            2.2. Du temps de son père (1905-1950 environ)

 

            Le père d’Annie, étant jeune, comme la plupart de ses camarades fait l’école buissonnière. A 12 ans, il est obligé de travailler, à la ferme (« On ne pouvait plus le nourrir à rien faire » p. 30) dans des conditions de vie et d’hygiènes, qui à l’époque sont celles de la misère.

            Grâce à son service militaire, il découvre un autre monde, celui de la ville. Il quitte donc la vie rurale pour la vie urbaine, où il trouve un travail d’ouvrier dans une usine. La société s’industrialise.

            Après son mariage, il achète un fonds de commerce à crédit, mais en 1930, c’est la crise. La misère est proche (« Ils -étaient- liés à la misère et à peine au dessus d’elle » p.42). Il retrouve donc le travail d’ouvrier tandis que son épouse s’occupe du fonds.

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            2.3. De son temps (1950-1975 environ)

 

            Après la seconde guerre, les parents d’Annie achètent un nouveau fonds de commerce (épicerie et café). C’est la période de reconstruction et du rationnement. Mais c’est aussi la période de la réussite, la concurrence est inexistante et la demande est forte. La famille vit heureuse, et fière de montrer ce qu’elle possède (« On se fait photographier avec ce qu’on est fier de posséder, le commerce, le vélo (...) » p.55). Elle mange aussi à sa faim, la misère est loin (p. 56 et 57 « On avait tout ce qu’il faut (...)).

            Ce sont les trente glorieuses. La société progresse, il y a une constante recherche du modernisme. Le père d’Annie, dans un premier temps, suit le mouvement: modernisation de la maison et de ses structures. Mais, peu à peu, il se sent dépassé. Les grandes distributions arrivent, les petites commerces sont menacés (« (...) le gouvernement soupçonné de vouloir notre mort en favorisant les gros » p. 75). La banlieue naît, et attire les ouvriers et les immigrants.

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            2.4. Du temps de ses enfants (après 1975-80)

 

            Annie est à la faculté. L’accès à l’enseignement et à l’instruction est donc possible pour tous. Elle devient ainsi professeur de philosophie.

 

III LA VOLONTE DE REUSSITE SOCIALE DU PERE D’ANNIE

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            Ce thème, bien qu’il correspond à un trait de caractère individuel et non social, peut être intéressant à étudier. Il montre comment un homme, d’origine paysanne, se contente de sa situation dite inférieure, et comment son épouse, fera tout pour l’en sortir.

 

            3.1. Avant le mariage

 

            Enfant, il n’a aucune conscience de la réalité sociale. Il ne pense qu’à jouer, c’est pourquoi il se retrouve vite obligé à travailler à la ferme. Ce travail est peu reluisant (« Dans les bals, les filles aimaient de moins en moins les gars de ferme, qui portaient toujours une odeur sur eux » p. 34).

            Lorsqu’il devient ouvrier, il ne recherche pas l’ascension sociale. Il se contente de son statut, en étant sérieux et bien vu de ses patrons (« A Rouen (...), on trouvait des emplois mieux payés, il lui aurait fallu (...) affronter les plus malins de la ville. Il manquait de culot. » p.35).

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            3.2. Le premier fonds de commerce

 

            Après le mariage, son épouse le pousse à quitter le milieu ouvrier et à acheter un fonds de commerce (« C’est elle qui a eu l’idée. (...) Prendre un commerce » p. 38). Ensuite, ils essayent d’améliorer leur situation, tout en évitant de prendre des risques, la peur étant trop grande de retrouver le travail d’ouvrier (p.39).

            Cette peur, tout au long du roman, et surtout ici, est constante. Ils sont fiers de posséder mais ont peur de tout perdre. La misère arrive (crise des années 30), le père d’Annie redevient ouvrier, mais la mère veut continuer à garder « les bonnes manières ». (« Elle lui faisait la guerre (...). C’était une femme qui pouvait (...) franchir les barrières sociales. Il l’admirait. » p.43).

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            3.3. Le deuxième fonds de commerce

 

            La vie d’ouvrier prend fin après la seconde guerre mondiale. Le couple achète un deuxième fonds de commerce. Le quartier contient peu d’ouvriers, il contient surtout des artisans au niveau social moyen. Peu à peu, la famille Ernaux s’enrichit, et donc, est de plus en plus heureuse (« (...) l’évidence du bonheur. » p.56). Elle est fière de posséder, d’être propriétaire. Cependant, pas d’excès (« Sous le bonheur, la crispation de l’aisance gagnée à l’arraché. » p.58).

            Parfois, Mr. Ernaux a honte, honte de monter trop haut, de ce que les autres peuvent penser d’eux. Ainsi, se détachent deux niveaux: obsession de ne pas être ouvrier ou paysan (« (...) le patois était quelque chose de vieux et de laid, un signe d’infériorité » p.62), et peur de faire partie de l’élite sociale (A l’inverse de ma mère, soucieuse de faire évoluée (...), il détestait les (...) expressions nouvelles. » p.63).

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            3.4. Eloignement forcé du commerce

 

            Malgré ses efforts, le rêve du père d’Annie d’avoir un grand commerce qui aurait beaucoup de clients disparaît peu à peu. Il s’éloigne donc de son activité, par volonté (« (...) tendance à ne pas s’en faire, malgré tout. Il s’inventa des occupations qui l’éloignaient du commerce. » p. 66), ou par contrainte imposée par la société (« Le centre (...) offrait (...) des commerces modernes qui restaient illuminés la nuit. » p. 84).

            Il sent l’échec, dans tout ce qu’il entreprend (« Quand mon père n’avait pas réussi des poireaux ou n’importe quoi d’autre, il y avait du désespoir en lui. » p. 68). Ses vieilles habitudes ont du mal à le quitter, et c’est sa femme qui l’incite à évoluer (p. 68). Mais certaines fois, il se rebute, contre le progrès et par conséquent contre son épouse (« Ma mère a fait installer un cabinet de toilette à l’étage, il ne s’en est jamais servi (...) » p. 69). Le couple râle de plus en plus (p. 71).

            Continuelle peur de réussir, continuelle peur du risque (« Crainte de se lancer encore, résignation. » p.75). Heureusement, la retraite approche, avec ses avantages. Le bonheur est enfin retrouvé... (« (...) satisfaction d’avoir droit à la sécurité sociale. (...) Il aimait de plus en plus la vie. » p. 99).

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IV RAPPORTS PERE/FILLE

 

            Le thème des rapports Père/Fille est extrêmement intéressant. Il mêle de nombreux sentiments, l’amour, l’encouragement, l’aide mais aussi l’ignorance ou le mépris. Même si au niveau éducatif, il n’apporte rien en termes de connaissances, il amène à la réflexion, ce qui est très important.

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            4.1. L’encouragement du père

 

            Pendant son enfance, Annie sent toujours l’appui de son père dans le domaine de ses études. Il l’aide beaucoup, pour qu’elle se sente bien, à l’aise, pareille que ses camarades (« (...) j’avais autant que les filles de cultivateurs ou de pharmacien » p. 56).

            Il se montre aussi intéressé par ce qu’elle fait à l’école (« (...) il feuilletait mes livres. » p. 73), et même préoccupé (« Ecoute bien ton école! » p. 74). Il veux qu’elle réussisse, qu’elle soit « mieux que lui ».

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            4.2. Annie: abandon du monde simple

 

            Peu à peu, Annie entre en période d’adolescence. Elle commence à s’éloigner du milieu familial, tant au niveau physique (« (...) toujours dans ma chambre, je n’en descendais que pour me mettre à table. » p.79), qu’au niveau intellectuel (« Je lisais la vraie littérature (...) qui exprimait mon âme. » p.79).

            Elle entre dans le monde bourgeois, et a tendance à regarder ses parents de « haut ». Trop prise par les études, son père, au début enthousiaste, devient nerveux et même souffrant. Souffrant pour elle, peur qu’elle s’épuise, qu’elle n’y arrive pas, et qu’elle soit malheureuse.

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            4.3. Fin des rapports

 

            A la fin de son adolescence, Annie fait des remarques sur la vie simple que mène son père. Elle lui donne des leçons, et lui montre volontairement ou non, ses savoirs.

            Il devient coléreux, sa fille lui échappe. Elle se rapproche de sa mère, elles deviennent intimes (« On n’avait pas besoin de lui. » p.82), ce qui provoque une certaine jalousie maladive.

            C’est la fin des rapports entre le père et la fille (« Je pensais qu’il ne pouvait plus rien pour moi. (...) J’écris peut-être parce qu’on n’avait plus rien à se dire. » p. 83).

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CONCLUSION

 

            On pourrait aborder d’autres aspects du roman d’Annie Ernaux, mais il me semble que l’on a là l’essentiel, la structure de l’oeuvre, l’évolution de la société française, la volonté de réussir et les rapports Père/Fille.

            Chaque partie de ce travail peut être utile à l’enseignement de la langue française. On peut développer chez les jeunes élèves les sens d’organisation, de réflexion, de débat d’opinions, tout en apportant une certaine connaissance de la France et de sa langue.

            Le roman d’Annie Ernaux étant assez simple à lire, on peut suggérer pour compléter ce travail par la lecture et analyse d’un autre de ses romans: « Une femme », biographie de sa mère.

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